Comment récupérer l'argent prêté?
"J'ai prêté une importante somme à une connaissance qui a perdu son emploi. Je lui ai remis l'argent de main à main. Nous n'avons signé aucun papier, mais j'en avais parlé préalablement à ma femme pour obtenir son accord et j'ai indiqué à mon banquier à quoi devait servir mon retrait. Je suis en train de perdre confiance et me demande comment je devrai procéder pour récupérer mes sous s'ils ne me sont pas spontanément remboursés à l'échéance prévue ?" Mike, Genève
Toute personne qui s'estime créancière d'autrui a la possibilité de lui faire notifier un commandement de payer en s'adressant à l'Office des poursuites et faillites. Le débiteur peut cependant facilement y former opposition s'il n'estime pas devoir la somme d'argent qui lui est réclamée, sans quoi il s'expose à voir ses biens excédant son minimum vital saisis, en particulier son éventuel salaire, voire à être mis en faillite s'il est inscrit au Registre du commerce.
En cas d'opposition, il incombe au créancier d'engager les démarches nécessaires pour faire prononcer sa mainlevée ; s'il ne dispose pas d'une reconnaissance de dette écrite ou d'un jugement en sa faveur, il doit saisir le juge d'une demande en paiement, c'est-à-dire une « action en reconnaissance de dette » selon l'article 79 de la loi fédérale sur la poursuite pour dettes, afin de faire condamner son débiteur à lui verser le montant poursuivi.
Dans le cadre de cette procédure judiciaire, l'article 8 du Code civil suisse met à la charge du créancier l'obligation de prouver les faits sur lesquels il fonde ses prétentions. Les moyens de preuve sont définis par le Code de procédure civile fédérale: outre les déclarations des parties, on distingue essentiellement les preuves constituées par les pièces qui peuvent être produites en justice par chacune des parties, les témoins à auditionner par le tribunal et d'éventuelles expertises ordonnées par le juge. Souvent, les parties avancent plusieurs moyens de preuve contradictoires pour démontrer ou nier un fait et c'est le juge qui tranche après avoir librement apprécié la portée de chacun d'eux.
Vous disposez d'un avis de retrait bancaire et de témoins que vous avez informés de l'utilisation que vous comptiez faire de cet argent: si le juge s'estime convaincu par ces indices et par vos explications, il condamnera votre débiteur à vous rembourser la somme que vous lui réclamerez à l'échéance du prêt et votre poursuite pourra ainsi continuer par une saisie ou une faillite si aucun paiement n'intervient d'ici là.